L'Afrique de l'Ouest

Sahara, Sahel et Afrique tropicale, une visite de l'Afrique francophone

Le récit et autres petites choses trouvées au fond des poches


Aucunes émotions particulières, pas de nœuds au ventre, on se réveille gentiment (8h30).

Première chose à faire : aller à Genève récupérer nos passeport à la mission permanente du Ghana, chercher une bouteille pour l’alcool à brûler chez Terre d’Aventure, changer nos billets du soir (on a oublié une réduction !) au bureau de la SNCF (14h00).

Deuxième chose à faire : mettre à jour tous nos papiers (payements, assurances, ...) (16h00).

Troisième chose à faire : rassurer nos parents respectifs en leur amenant un dossier avec notre itinéraire ainsi que les photocopies des documents importants (18h00).

Quatrième chose à faire : préparation du sac (20h00).

Nous partons à 21h20 avec du Nyon AOC pour l’apéro !!

Aujourd’hui, on fait du train où l’on bouffe les kilomètres. Hendaye - San Sebastian. Petite pause pour dîner et pour découvrir une spécialité basque qui tire à 25° à base de myrtilles et d’anis. Attente à Madrid de notre deuxième train de nuit consécutif devant une paëlla. Le matin, une mauvaise surprise nous attend : notre liqueur basque a disparue !! Zut, c’est nul !! L’aurait-on oubliée quelque part ? Mystère. Arrivée facile à Algeciras. On connaît, la mer c'est tout droit. Passage du détroit. Tanger n’a pas trop changé. On prend le bus jusqu’à la gare et, après une bonne tajine, on monte dans le train pour Marrakech. Enfin le début du voyage !!

Au réveil, on découvre un paysage sec, très sec. Il y a des champs de cailloux à perte de vue, de temps à autres coupés par des haies de cactus. La terre rouge, contraste avec le ciel gris brumeux ; il pleut. À Marrakech on se dirige assez vite vers la place Djemaa el-Fna où on trouve un petit hôtel pas cher. Nous sommes agréablement surpris, car on ne s’est pas fait agresser par une horde de guides, taxis, mendiants et autres... On nous sollicite bien, mais après un refus poli, on n’insiste pas. C’est du pur bonheur.

L’après-midi, la place est très calme, il y a quelques vendeurs de jus d’oranges, des diseuses de bonnes aventures, des conteurs (souvent entourés par beaucoup de monde), il y a même des charmeurs de serpents. À mieux écouter, la place regorge de bruits. Les vendeurs de cigarettes à la pièce tiennent dans leur main toute leur monnaie qu’ils font tinter. Les cireurs de chaussures tapent avec leur brosse sur le porte-pied en bois. Les charmeurs de serpent jouent d’une flûte au son nasillard accompagné de temps en temps par un tambourin à cloches. Il y a aussi tous les vendeurs de jus d’oranges qui, à la huée, alpaguent des potentiels clients. Le tout avec des taxis, vélomoteurs et autre cycles qui traversent la place et savent jouer du klaxon. Joyeuse cacophonie !! À côté se trouve le souk où se mélangent artisanats en tout genre ; tapis, textiles, babouches, poteries, bijoux, confection du bois, boucher, djellabas, maroquinerie, libraire, quincaillers, maraîchers et j’en passe. Le tout dans un joyeux bordel organisé ! Beaucoup de couleurs et d’odeurs (épices, fruits secs). Au sud de la médina on se perd vers la Kasbah (palais royal) et dans le quartier Juif de Mellah où se situe un marché dans une rue très étroite et très longue. Il faut savoir que les Marocains aiment passer dans ce genre d’endroit sur un vélo, un vélomoteur, une charrette tirée par un âne ou autre. Au nord de la médina on se perd dans le quartier des tanneurs où un “ami” berbère nous explique son quartier. Le soir, la place Djemaa el-Fna s’éveille. Il y a un peuple fou et des “restaurants” roulants, sortis d’on ne sait où, accaparent l’espace. On peut y goûter entre le traditionnel couscous et les tajines, de la cervelle de mouton ou des escargots. On nous invite ici pour une omelette, là pour une soupe. On décline, peut-être qu’on repassera, non, on n'a pas faim, peut-être demain, si Dieu le veut !! On opte pour des brochettes de foie.

Par hasard le Festival International du Film de Marrakech se déroule cette semaine, et par hasard il y a un écran géant sur la place. On assiste à la projection d’un film indien. Les cultures se mélangent !!

Avant d’aller se coucher, on découvre avec bonheur une douche avec de l’eau chaude... qui coule au goutte à goutte. On notera également notre record d’un mini-cafard écrasé par personne.

On se réjouit quand même de partir pour un peu plus de tranquillité. On profite encore d’acheter deux-trois fruits secs, des biscuits marocains et de l’eau pour notre traversée du désert. Le départ du bus Supratours est à 15h30, il y a 25 heures de voyage prévu, et la destination est Dakhla, au sud du Maroc.

Vers 22 heures, le moteur a quelques soucis. On roule jusqu’à Agadir en roue libre ou en première. Des gens réparent ; nous n'avons que deux heures de retard. Même si le bus est confortable, il n’est pas évident de dormir. Ils sont deux chauffeurs et on fait des pauses de trente à quarante minutes toutes les quatre à six heures. C’est long. Dehors c’est plat. Après Laâyoune, on traverse une bande de dune de sable ! On est dans le Sahara !! Les contrôles de police aussi nous le font remarquer dans cette région disputée. On s’arrête presque tous les 150 kils pour des contrôles fixes, et comme nous sommes les seuls étrangers à bord du bus (par la suite, on finira par être quatre) on est tout le temps contrôlé ; sortir du bus, montrer nos papiers au chef de la police, plaisanter avec le chauffeur et repartir. Depuis Boujdour, l’océan est sur notre droite, autour tout est plat avec quelques effondrements du sol ou des oueds (rivières de la saison des pluies).

Dakhla se situe sur une péninsule longue d’une cinquantaine de kilomètres. Arrivée à 17h30. Il nous faut maintenant trouver un endroit pour dormir et, surtout, un lift pour continuer sur Nouadhibou en Mauritanie. À 20h00, on est au camping à dix kilomètres en amont de Dakhla où nous serrons la main de Sidi qui nous mènera à la frontière. Voilà une affaire rondement menée. Le 16 novembre c’est la fête de l’indépendance marocaine et on assiste à un feu d’artifice en sirotant un thé à l’eau dessalée de l’Atlantique. Mémorable.

Finalement, il se trouve que ce sont deux Français qui nous mènent à la frontière. Ils ont vendu leur voiture à Sidi et vont la livrer. On part vers 8h30 dans une brume océanique qui s’accroche sur le désert jusqu’à la fin de la matinée. Plus on descend, plus il y a du sable. Entre une dune et un oued, on croise un troupeau de dromadaires. Arrivée à la frontière à 12h30, les douaniers mangent. Il faut attendre 14h30. Le temps pour nous de trouver un lift pour rallier Nouadhibou. Il y a, en dehors des indigènes, des vaudois, bien chargés et qui ont un problème avec leur voiture et des Tchèques. Ces derniers nous mènent, une fois les formalités effectuées (15h30). L’entre-douane est un “no man’s land” large de 5 kilomètres non goudronné. Hallucinant. Les Mauritaniens nous accueillent, on discute et à 16h00 on reprend la route pour arriver à Nouadhibou à 17h30.

En visitant la ville, on voulait boire un café mais impossible de trouver un bar. En demandant à quelqu’un dans la rue il nous dit qu’ici il n’y a rien et que si on veut du thé il faut aller chez lui. Hésitant d’abord, on accepte et on assiste à la préparation d’un thé convivial à la façon Mauritanienne avec des gars vraiment cool. Deux heures et seulement trois gorgées plus tard, on rentre manger une sole pêchée du jour, ici, à Nouadhibou. Sympa et chaleureux.

Aujourd’hui devait être un grand jour, celui du train du désert. Ici roulent les plus longs trains du monde, environ 2 kilomètres, 200 wagons. Il achemine du minerai de fer de Zouérate à Nouadhibou trois fois par jour et rentre à vide également trois fois par jour, le premier vers 15 heures. Ce premier train a une voiture-voyageur que nous voulons prendre (même si l’on peut voyager gratuitement dans tous les tombereaux sur tous les trains). Donc on se présente en début d’après-midi à la gare voyageurs de Nouadhibou (2 km avant l’industrie du traitement du fer, et donc de la ville) et l’on attend. À 17h00 on apprend que le train a déraillé et qu’il ne viendra pas avant 19h00. À 18h00 on apprend qu’en fait il ne viendra pas aujourd’hui, mais peut-être demain vers 20h00. On est un peu stupéfait, mais bon, c’est l’Afrique !

On se lève tranquillement, on a le temps. Il faut appeler un cheminot, rencontré la veille, à midi pour qu’il nous tienne au courant de la situation. En attendant, on va se promener en ville. Nouadhibou a beau être la capitale économique, il n’y a pas grand chose. Elle est traversée par une route goudronnée, et de temps à autres, il y en a une autre perpendiculaire mais sinon c’est sable et poussière. Certains quartiers regorgent d’animations comme le marché, ou la boucherie (morceau de viande coupé à la hache et suspendu avec un crochet dans une cahute de bois à proximité d’une décharge... où d’ailleurs broutent les chèvres. La fraîcheur de la viande dépend de l’épaisseur de l’essaim de mouches qui l’entourent). Il y a des ânes et des biques en liberté un peu partout. Bref, tout un charme... À midi le gars en question nous informe que les voies du train sont réparées et qu’un train devrait partir à 18h00. Pour plus de sûreté, on se rend à 17h00 à la gare où l’on retrouve tous ceux laissés la veille et qui n’ont pas bougé, plus ceux du jour ce qui fait vraiment beaucoup de monde. À 19h00, le train pointe enfin le bout de son nez. Et c’est la bourrée, on se fait pousser, marcher dessus, ça crie dans tous les sens, on est bousculé,... On pourrait croire qu’on a de la chance car c’est une voiture française de 1ère classe que la compagnie vient d’acheter (avant c’était des bancs longitudinaux). Une fois à l’intérieur, notre compartiment n’a plus que l’armature des fauteuils avec un peu de mousse par-ci par-là, la fenêtre est bloquée grande ouverte et sur les 6 sièges, on est 9. Et je suis sûre qu’on n'est pas les plus mal lotis !!! La nuit s’annonce donc longue, dure, froide et sans vue (puisqu’il fait nuit !). Je crois que l’on est un peu déçu de cette idée du “train du désert”, et puis d’un autre côté c’est quand même un peu mythique.

À Choum, le train s’arrête au milieu de nulle part. À côté de la voie, il y a une dizaine de maisonnettes pas plus. On saute du train, monte dans un pick-up (sur le pont, on est trois) et en route pour Atar. Le soleil monte gentiment, nous on était déjà emmitouflé de la nuit glaciale, on se rajoute un foulard autour de la tête à cause de la poussière et go, on traverse le sable pendant 4 heures. À Atar, on est recouvert de poussière. On est accueillis chez Ahmed où l’on fait la sieste jusqu’à 17 heures, heure à laquelle il devrait y avoir des taxis-brousse pour Nouakchott. Il part, bien sûr, seulement lorsqu’il est plein. Donc vers les 18h30 on part d’Atar. Personne ne sait quand on arrivera, tout le monde dit tout le temps dans deux heures maximum. C’est long, il y a beaucoup de pauses (pour le souper, pour la prière, pour se reposer, ...), on en voit pas le bout. Vers les 4 heures du matin on arrive chez le chauffeur, qui nous mène en ville avec sa voiture. On n'a rien compris, on voulait juste arriver en soirée !!

L’après-midi il fait tellement chaud, que ça ne sert à rien d’entreprendre quelque chose. Lorsque le soleil descend, on marche vers la plage où toutes les pirogues rentrent de la pêche. Elles s’échouent sur la plage, les pêcheurs déchargent leurs cargaisons de poissons, les dépiautent et les vendent un peu plus haut dans un hangar ouvert, et rangent leur embarcation. On ne fait pas grand chose mais on est vite fatigué par la chaleur, et on a plus trop de vitamines dans le corps aussi. Jus d’orange sur-sucré et salé au menu, et ça repart !!

On a discuté avec un Allemand de Dresde qu’on avait déjà croisé vers Dakhla. Il nous propose de nous pousser jusqu’à Saint-Louis du Sénégal. Le paysage change énormément jusqu’à Rosso (la frontière) ; on passe du sable jaune au sable rouge, de pas d’arbre à beaucoup d’arbres, d’herbes rases à des plantes grasses, avant on ne voyait que des moutons, chèvres, dromadaires et ânes, maintenant il commence à y avoir des vaches en plus. On quitte le Sahara pour le Sahel. À Rosso, on longe le fleuve Sénégal sur une centaine de kilomètres à travers des marécages et des plans d’eau entrecoupés par des surfaces de terre plate et déserte. Il y a énormément d’oiseaux migrateurs et l’on peut voir entre autres, des flamants roses et des pélicans. On arrive à la frontière à 17h00 et comme les véhicules ont plus de 5 ans, ça prend du temps. On attend le chef pour négocier. Et ça rackette de tous les côtés entre les bakchichs et les “cadeaux”. Finalement, on quitte la douane à 22 heures, et on est à Saint-Louis une heure plus tard.

Saint-Louis est une île à l’embouchure du fleuve Sénégal dans l’océan Atlantique. Le fleuve a amené beaucoup de sable, ce qui forme une presqu’île très longue, et réduit l’île de base à une île de fleuve. L’île était la ville des colons. La presqu’île, la langue de Barbarie, est l’endroit des anciens quartiers des esclaves et s’appelle N’Gor, et la nouvelle ville, qui est sur le continent, s’appelle Sor. L’île est très chaleureuse, et il y fait bon flâner. Par contre pour le reste, il est plus difficile de ne pas taper l’incruste “gros touriste riche”. Les gens te demandent tout le temps de l’argent ou de passer voir leur boutique ou de t’acheter ceci ou celà. C'est presque un peu lourd. Finalement, on envoie sur les roses la plupart des personnes. C’est épuisant, mais la ville reste jolie.

On prend un taxi jusqu’à la gare routière, distante de 8 kil du centre de Saint-Louis, pour prendre un taxi-brousse pour Dakar. Il part une fois qu’il est plein, et, heureusement pour nous, on était les deux derniers passagers d’une Peugeot 8 places. Quatre heures plus tard, on atteint les bouchons de la banlieue.

Et voici le challenge du voyage, prendre le train Dakar-Bamako. Il devrait être hebdomadaire sur le samedi. Mais là on apprend que ce sera plutôt mardi. Nous sommes un jeudi.

Dakar ne donne vraiment pas envie de rester. Tout a commencé avec la nuit ; il n’y a pas de moustiquaire et pas de crochet pour accrocher la notre, le matelas doit être rempli de puces, la fenêtre donne sur une route où il y a systématiquement un camion qui laisse tourner son moteur. La chaleur est très élevée, sans compter la moiteur, tout est collant et il y a beaucoup de poussière... La ville s’apparente plus à une cité européenne avec des immeubles, mais reste poussiéreuse, chaotique et pas mal de monde te saute dessus pour te vendre tout et n’importe quoi, et quand il ne te saute pas dessus, c’est qu’il te fait les poches. On est quand même allé sur l’île de Gorée, ancien fort français (le premier en Afrique). L’île compte un millier d’habitants, aucune voiture, et leur seul revenu vient des touristes (il faut payer pour rester sur l’île, en plus du prix du bateau ça va de soi). Il y a énormément d’artistes-peintres (ce qui donne beaucoup de couleurs vives car les toiles sont affichées sur les murets), et d’autres qui vendent colliers, bracelets, statues en bois, paréo, habits africains, sacs, ... la liste est longue. Nous ne sommes jamais seuls, il y a tout le temps des “amis” qui veulent nous montrer leur boutique…

On visite également les îles de la Madeleine. C’est un groupement de trois îles de roches volcaniques qui sont inhabitées et où l’on peut observer de nombreux oiseaux. On trouve facilement le bureau des Eaux et Forêts qui s’occupe de nous y emmener en vingt minutes en pirogue et de venir nous y rechercher. On est les seuls. Quel bonheur ce calme. Sur l’île il y a beaucoup de cormorans, des baobabs nains, quelques oursons et des crabes (pour ce que l’on connaît !), mais pas d’ombre !!

On en a tellement marre de Dakar, qu’on prend un taxi-brousse (il n’y a pas de train...) pour Thiès. Cité qui ressemble à un village, alors que c’est la deuxième ville du pays. On visite le musée de Thiès sur la ville et son passé, et il y a un guide sympa qui nous explique toute l’histoire. Lors d’une prise de vue de la gare de Thiès, un soldat nous tombe dessus, nous engueulant comme quoi c’est interdit. On parle et il nous laisse notre pellicule. On retourne à Dakar en train pour voir si notre train pour Bamako espéré est décidé à rouler.

C’est fou, à 6h45 il fait nuit noir et à 7h00 il fait grand jour. On attend que le guichet ouvre pour les billets de Bamako. À notre grande surprise, un gars vient afficher une feuille A4 qui nous annonce le départ pour mercredi à 13h50. Quelle bande de déconneurs. À midi, le guichet fini par ouvrir et à 15h00 on a nos billets pour le Mali.

On en profite pour marcher jusqu’au phare. On découvre aussi un musée sur l’art africain, plutôt intéressant. Il y a beaucoup d’objets, de masques, d’habits et de parures de toutes l’Afrique de l’Ouest. On fait un peu de lessive. On va boire un jus de fruits. On attend le train quoi.

Les Sénégalais ont vraiment le sens de l’humour !! La veille, histoire de se rassurer, on passe à la gare et, oh surprise, on découvre que notre train est retardé à samedi. Ils sont vraiment drôles. Notre bonne humeur commence à disparaître. Dakar n’est pas une ville agréable. ça doit être ça la philosophie africaine : “on verra demain !!“ On va souper chez Loutcha où ils servent pour quinze pas cher, histoire de trouver des solutions.

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne reste pas à Dakar. On a trois jours, et il faut pouvoir revenir facilement à la gare pour le jour J. Notre choix se porte sur N’Gor, au nord de la presqu’île du Cap-Vert. Après une heure et demie de bus urbain où l’on était serré comme des sardines, et un taxi, on découvre un charmant petit village coincé entre l’océan, l’aéroport et la proche agglomération dakaroise. Les ruelles sont si étroites qu’on a de la peine à croiser. Il y a bien sûr des moutons un peu partout. Sur la plage tous les jeunes jouent au foot. Le soir on entend, au loin, le son des djembés. ça à l’air d’être bien, tranquille.

On décide d’aller à la pointe des Almadies, le point le plus occidental du continent africain. On longe l’”Hôtel Meridian Président” (on profite de leurs toilettes !!) jusqu’à la mer où il y a des petits restaurants et un marché touristique, et après on butte contre le mur de l’enceinte du “Club Med”. C’est vraiment super. On essaie de rentrer par le bord de mer, à travers les décharges où l’on trouve par ailleurs des chèvres, des oiseaux et des enfants, les cours d’eau stagnants où il y a des petits poissons, et quantité de petits crabes qui fuient sous le sable aux bruits de nos pas. Au retour, on se la joue farniente sur la plage avec un jus d’orange. Il y a bien ce gars qui vient nous parler des pélicans apprivoisés à l’eau bénite qui aident les pêcheurs à rabattre le poisson... mais devant notre air mi-dubitatif, mi-amusé, il s’en va sans nous escroquer (normalement, il y a après l’histoire du baobab sacré des anciens puis il faut acheter du riz pour la fête au village du lendemain et on se retrouve sans argent et sans fête, d’après nos voisins de chambre). On va aussi sur l’île de N’Gor, en pirogue. C’est une jolie petite île avec deux plages de sable dont une avec des palmiers. De l’autre côté de l’île il y a d’énormes vagues qui viennent s’éclater contre des cailloux volcaniques. Et ça fait un raffut du tonnerre. On y mange une dorade excellente, très bien cuite, dans une assiette pleine à déborder (avec du riz, des oignons, de la salade, et des frites). C’est très bon.

On espère que le train part aujourd’hui. Nous sommes relativement tôt à la gare, pour avoir le temps de prévoir un futur imprévu, au cas où !! La gare est déjà pleine à péter. Il y a du monde partout et surtout il y a énormément de bagages et marchandises en tout genre. Vers midi, elle se vide, mais on ne peut pas aller sur le quai et pourtant tout le monde monte dans le train. On y accède à 13h00 et vers 14h30, la locomotive siffle. Nous partons.

Il y a une dizaine de voitures de 2ème (pleine à péter), une voiture de 1ère (pleine), un voiture restaurant-bar, une voiture de 1ère couchette, où l’on se trouve, 3 wagons-fourgons pleins et la locomotive, plus quelques clandestins sur le toit. Dans notre voiture, il y a un autre “toubab” français, d’origine belge, sinon tous les Sénégalais aisés. Dans la 1ère il y a 1 Portugais, 2 Finlandais et 4 Italiens, c’est tout (on se repère vite !!). Ce soir, au restaurant, c’est spaghetti au poulet avec une “Castel Beer”. Le paysage défile... On atteint Tambacounda vers 8 heures. La vitesse de croisière est d’environ 30km/h et le rail est rarement à la même hauteur. On quitte les pleines de baobabs pour une végétation plus verte et plus serrée. À chaque gare, il y a des femmes et des enfants qui vendent toutes sortes de fruits (oranges, pastèques, pommes, ...), de légumes (tomates, courges, gombos, piments, igname, ...), de beignets, de cacahouètes, d’eau, de jus en tout genre, etc. Et tous les voyageurs, à travers les fenêtres, achètent des tas de choses. Il y a beaucoup de couleurs et surtout d’animation. On atteint la frontière sénégalaise vers 18h00. Les passeports avaient été préalablement collectés et là, ils les rendent à la criée. Il y a beaucoup de monde, mais on reconnaît facilement nos passeports rouges !! À 19h00 on passe le fleuve Sénégal et vers 20h00 on part du poste-frontière du Mali. La nuit est déjà bien avancée, mais on est en sueur. Ce soir, c’est spaghetti au poulet à la voiture-restaurant. On atteint Kayes à 22 heures. Il y a du monde partout et il y a plusieurs trains qui attendent. Il paraît qu’on va mieux rouler du côté malien... on espère, Inch Allah !! Le paysage commence à avoir des montagnes. Vers les villages, il y a des champs de cotons et de pastèques. Des fois, il y a des cours d’eau stagnantes avec des nénuphars. Les troupeaux de zébus ne sont pas rares, et l’on aperçoit toujours autant de chèvres, moutons et ânes. On arrive à Kita vers midi. C’est ici qu’on apprend qu’il ne reste que 15 kilomètres, et comme à 13h00 on a toujours pas bougé, on apprend qu’on est bloqué à cause du sommet Franco-africain qui se tient à Bamako et que c’est également à cause de lui que le précédent train à été repoussé, puis annulé. Super. Au final, on a pas mal de chance parce qu’on arrive à Bamako vers les 14 heures, soit un peu moins de 48 heures après notre départ de Dakar !!

Bamako ce n'est pas très joli et il y a en permanence de la fumée de gaz d’échappement. On se trouve une auberge de l’autre côté du fleuve Niger. Ensuite, on va chercher des billets de bus pour le Burkina Faso.

Le bus part vers 9h30 avec, comme partout en Afrique, un contrôle de police à la sortie de la ville. Direction Bobo-Dioulasso. Le paysage est vert, bien qu’il y ait des hautes herbes jaunes partout entre les arbres et les buissons. On voit de beaux oiseaux bleus. Arrivé à la frontière vers 18h00. Côté malien aucun problème mais les burkinabés font du zèle. Fouille des sacs, du bus et du passeport (microscopiquement). On quitte la douane vers 19h30 et nous arrivons à Bobo deux heures plus tard, épuisé.

On essaie de se repérer un peu dans Bobo car on est un peu excentré. La mission du jour : trouver un moyen pour rallier Kumasi, au Ghana. Et bien ça n’est pas facile du tout !! La ville est assez agréable, très espacée avec beaucoup d’arbres. Les gens sont plutôt accueillants. Mais impossible de trouver une compagnie de bus (et pourtant il y en a beaucoup) qui desserve le Ghana. Solution de secours, on va voir à Ouagadougou s'il y a des départs. On trouve facilement un bus pour la capitale et nous revoilà dans un bus à travers le pays. On a de la chance car, avec cette compagnie (TCV), nous partons à l’heure, le chauffeur nous met de la musique burkinabé durant tout le trajet, il y a l’air conditionné, et on arrive plus tôt que prévu (seulement 4h30 de trajet).

À Ouaga, on découvre une ville poussiéreuse et polluée où les deux-roues sont partout et où il faut toujours refuser d’acheter des trucs inutiles. On veut aller manger dans un restaurant “ouvert tous les jours” fermé aujourd’hui, et finalement on veut aller manger du capitaine et on se retrouve avec une carpe au goût de vase (certainement du tilapia)... Il fait terriblement chaud, heureusement qu’on trouve, et relativement vite, des billets pour Kumasi. Quand vient l’heure du souper, on va manger une croûte au fromage à un chalet suisse perdu dans un quartier de Ouaga.

On se lève à 6 heures, comme le soleil. Le petit vieux de devant l’hôtel a déjà mis sa radio plein tube. Nous partons pour Kumasi, au Ghana. De là tout devrait être plus simple. Le car est bien (nous sommes “seulement” 4 de front !!), moderne, mais on s’arrête tout le temps car quelque chose ne marche pas comme il le devrait. On arrive à la frontière burkinabé à 12h00, tout se passe lentement, les douaniers doivent certainement faire une pause. Puis la frontière ghanéenne où les douaniers sont antipathiques. Bref, nous avons nos tampons, c’est ce qui compte !! La route n’est pas très bonne et on prend du retard ce qui fait qu’on arrive à Kumasi vers une heure du matin. Et on n’y connaît rien !!! Heureusement, un gars du bus nous trouve un bon hôtel.

Mais qu’est-ce qu’ils savent faire la fête !! Et ce, dès l’aube. Et c’est bien connu, les Ghanéens parlent fort (c’est ce que tout le monde, croisé en chemin, n’a cessé de nous répéter... et qu’on a pu vérifier !!) On va à la gare, il devrait y avoir un train de nuit pour Takoradi à 20h30. À côté de la gare se trouve un énorme marché, même sur les voies, où l’on trouve de tout. C’est excellent, mais le temps est long. À 19h00 on va au buffet manger, waow, c’est plutôt fort, et le “fufu” n’est pas de notre goût (genre de pâte-purée à on-ne-sait-pas-quoi ayant gardé une grande élasticité !!) Et là, paf, on apprend que le train ne part pas (mais demain c’est sûr qu’il dit !!). On en pleurerait. C’est désolant. Le mécano, cool, nous trouve une piaule à la “Basel Mission House Of Ghana”. Il n’y a plus qu’à attendre demain... encore...

On essaie tout de même de savoir s’il y a des bus pour Takoradi, mais les prochaines places disponibles sont dans deux jours (il y a 3 bus quotidiens !!). Donc on laisse tomber et on va à la gare prendre des nouvelles. Pas de problème, bien sûr qu’il part, on peut monter dedans vers 20 heures, Voilà une bonne nouvelle ! Mais, devenu pessimiste, attendons qu’il parte pour vraiment se réjouir !! Et pourtant, à 20h30 pétante, la loco siffle et le train bouge... à une bonne allure même. On n'y croyait plus ! Des cacahouètes vertes, une bière brune, santé ! Tout va bien... jusqu’à deux heures du matin environ où l’arrêt en gare dure un peu trop longtemps. À 3 heures, on s’informe ; le train est bloqué là, si tout va bien, il repart demain vers midi.

Le chef de gare nous indique qu’il y a un bus qui pourrait partir du village vers 5 heures. Il est déjà plein à péter et on part dès que la rangée des strapontins du milieu est pleine (4h30). Juste avant, un gars se lève et récite une prière, très encourageant !! On traverse des forêts de palmiers, cocotiers, bananiers, d’arbres à caoutchouc, et plein de masse verte partout autour. Il fait très moite et la route est couverte de boue et de flaques. Le changement est là, on ne l’a pas vu vraiment venir, nous sommes dans les tropiques. Nous arrivons à Takoradi à 9h00, et une demi-heure plus tard, nous sommes lavé et attablé vers un copieux déjeuner à raconter à nos amis notre courte nuit.

Tout ça pour aller leur rendre visite... On est un peu à l'ouest, quand même ! On part sur Cap Coast, voir le château d’Elmina. Puis nous allons au Kakun Parc sur des ponts suspendus dans la forêt tropical (ou ce qu’il en reste). Parcours de 350 mètres d’une hauteur allant jusqu’à 40 mètres. Au retour, on passe par un parc aux crocodiles, mais les étangs sont secs et les bêtes se sont tirées !! On rentre au Coconut Grove, se baigner dans l’océan. Admirer un coucher de soleil sur une plage déserte, avec des palmiers en bordure et un bon verre de blanc à la main. Géant ! Nous sommes détendus, et enfin arrivés !!

On part sur Accra. Après encore quelques visites de châteaux le long de la côte, on a voulu s’arrêter au bord de la route pour acheter des magnifiques ananas, lorsqu’un tro-tro nous a touchés en voulant dépasser. C’est incroyable, en quelques secondes tout le village était présent autour de nous et du chauffeur. Il y a des partis-pris, des fauteurs de troubles, des menteurs, le chef du village, un soldat qui nous a aidés à chercher la police. Et nous sommes allés au poste, où ils étaient plutôt sympathiques. Arrivé à Accra dans les bouchons.

Réveil tranquille, déjeuner agréable. Aujourd’hui, on visite la ville. Comme toutes les villes d’Afrique de l’Ouest, il n’y a rien à voir, aucun endroit agréable où se prélasser, rien à visiter. Il y a, en revanche, beaucoup de voitures et, donc, de bruits. Il n’y a pas de centre non plus. On descend une rue où il y a passablement de monde. On visite le musée national qui comporte des expositions sur l’art africain de tous les pays et une exposition sur l’esclavage. On passe par l’arc de triomphe en face de la place de la liberté qui est entourée de tribune. Grand espace vide. On cherche l’office du tourisme. On tombe sur la gare où il y a un buffet à l’ombre et au calme du tumulte de la ville. On va visiter des marché de souvenirs où il y a énormément de sculptures sur bois. On nous donne des souvenirs de bouffe, comme des cubes Maggi avec l’ancien logo, et du Milo, boisson chocolatée au malt qu’on trouve partout sauf en Europe. On va vers les quartiers au bord de l’océan où il reste de magnifiques bâtiments coloniaux malheureusement délabrés. On va voir le phare entouré de déchets en tout genre. On rentre en tro-tro. Ce soir on mange des brochettes de thon, snapper et espadon, marinés au citron et à l’ail, et cuit au feu de bois. Il nous reste cinq jours à Accra et plus grand chose à y faire. Ville totalement passionnante.

Le jour se lève à 6 heures et se couche vers 18 heures. Entre-deux, il fait chaud et terriblement moite (45 % à l’intérieur, et 96 % dehors), c’est insoutenable. Je crois qu’on ne peut pas s’y habituer. Il y a tellement de bouchons, que l’on a le temps d’observer les alentours. Notamment quand on passe devant l’hôpital militaire, l’avenue contient quelques arbres qui contiennent des milliers de grappes de chauve-souris qui volent dans tous les sens. Elles émettent des sons caractéristiques dans les aigus. On aperçoit aussi, de temps en temps, des vautours qui tournoient. Ils ont une telle envergure, et une petite tête sans plumes, et lorsqu’ils sont perchés sur des palmiers, on dirait des grosses pintades.

C’est dimanche, et on décide de sortir d’Accra. À une quarantaine de kilomètres se trouvent le jardin botanique. Il ne reste qu’un grand arbre qui est un véritable biotope à lui tout seul (il a d’autres arbres et plantes qui lui poussent dessus), ainsi qu’un autre arbre, creux à l’intérieur, qui ne vit que par l’extérieur, c’est incroyable et il est très haut !! Il a encore des feuilles !! Après on part visiter une ancienne plantation de cacao. Ce sont de petits arbres qui nécessitent de l’ombre. Il y a de grosses cosses jaunes qui poussent sur le tronc. Dedans il y a les fèves qu’il faut faire fermenter entre deux feuilles de bananiers, puis les faire sécher sur une natte. En rentrant, la route est inondée, il y a des flaques partout. On a malheureusement loupé la pluie-orage qui a dû s’abattre !!

On va au marché. C’est un immense marché où l’on trouve de tout. Les “stands” sont très serrés et les petits passages sont bouchés notamment avec des gens qui portent des fardeaux sur la tête et qui vont très vite ; il y a intérêt à se pousser sur leur passage. Dans le marché, il y a beaucoup de poissons, et sous toutes ses formes ; frais, sec, fumé, ..., il y a aussi des crabes ; petits, grands, colorés, et aussi des morts. Il y a des escargots, des crevettes et d’autres crustacés. Plus loin, des hommes pillent du manioc et des bananes. À côté, les femmes chauffent cette bouillie pour en faire une pâte élastique, le fu-fu !!

Pour notre dernière soirée en Afrique, on va souper au Schwiizer Hüssli une raclette, malheureusement faite d’Edam et de Camembert !! Puis direction l’aéroport. Pas fâché de rentrer, même si on commençait à comprendre le truc !! Et même si notre traversée de l'Afrique de l'ouest et notre séjour à Accra étaient extraordinaire.

La descente sur Londres est insupportable, on fait des boucles d’attente. On arrive vers 7 heures. Le temps d’aller chercher un “Christmas Pudding” chez “Fortnum & Mason” et on s’en va. Paris, puis, avant de monter dans le dernier train, on se rend compte que notre billet est pour demain... On s’arrange avec le contrôleur (qui en a vu d’autres) et on va au bar…

Bienvenue chez nous.