A travers l'Europe

L'Europe, du nord au sud, de l'est à l'ouest
Istanbul et retour Automne 2002
Nous sommes partis le 2 novembre, juste après l’assemblée générale des scouts vaudois. On a fait un saut à Gastronomia, histoire d’avoir un apéro, puis nous sommes partis pour de bon.

Nous voulions aller à Istanbul parce que c’est une ville qui fait rêver, et parce que nous voulions poser le pied sur le continent asiatique. A la fois si proche et si loin. Istanbul est la ville reliant l’occident à l’orient. Puis revenir par les pays de l’est, ceux qui étaient, il n’y a qu’une dizaine d’années, encore derrière le mur.

Nous n’avions prévu notre voyage que jusqu’à Brindisi, en Italie.

Donc, nous partons avec 10 minutes de retard avec le train de nuit pour Rome. A l’arrivée, on trouve la ville bruyante. Elle bouge vite. On va visiter le Vatican, puis en suivant le nombre phénoménal de parapluie tenu en l’air par des guides de toutes origines, on arrive devant le Colisée. Beau, grand, inondé de monde et cher. Dans cette ville, il y a des ruines vraiment partout. On prend un peu d’air et de repos, en dehors de toute l’agitation de la ville, en allant au zoo. Il y avait une grande volière et les ânes nous ont bien plu.

Le lendemain à 9h10 Rome-Caserta, train à l’heure mais vieux et pourri. La terre n'est pas trop cultivée ou pas comme chez nous. Caserta-Foggia, y’a plein de champs partout et des montagnes. Foggia-Bari, des oliviers à perte de vue. Bari-Brindisi, on aperçoit enfin la mer. Arrivée à 16h00. On se renseigne pour le prochain bateau pour la Grèce, on trouve des billets et on attend un supposé bus qui devrait venir nous chercher juste là vers le deuxième lampadaire du bout du quai. On attend. On trouve le temps long. On se rend compte qu’on n’est pas les seuls à attendre. Ouf, Vers 18h00 on vient nous chercher, on check avec d’autres touristes et beaucoup de camionneur, et on embarque. Nous voilà parti pour Patras et 15 heures de bateau.

Heureusement qu’on avait acheté du limoncello pour contrecarrer le tangage dû au vagues. Patras, grande ville, avec sa petite gare et ses quatre rails (deux qui vont à Athènes et deux pas). Nous allons jusqu’à Diakofto, ville touristique en été, ville morte en dehors de l’été. On apprend que le train que l’on voulait prendre n’existe plus trop hors saison touristique. De plus il n’y a qu’un hôtel relativement cher qui est ouvert. Mais bon, comme il pleut on ne fait pas les difficiles, on peste juste. La Grèce se présente pour l’instant comme une énorme déchetterie ambulante. Ravinée par des rivières rouge grossies par la pluie se déversant dans la mer. On se promène quand même un peu, y a rien à faire. On cueille une olive pour goûter, et une orange. On voulait prendre de l’eau de mer pour cuire nos pâtes ce soir parce qu’on a pas pensé à prendre du sel, mais vu la couleur on abandonne.

Nous prenons la superbe ligne de chemin de fer à crémaillère reliant Diakofto et Kalavrita, empruntant les profondes gorges de Vouraïkos. Le village est sympa. Petit dialogue avec un paysan marchant à côté de son âne. Départ pour Korinthos, dernière ville du Péloponnèse où, juste avant d’arriver, on franchi le canal, haut et pleins de bateaux. Dans la ville, on marche au moins trois heures avant de trouver un hôtel pas trop cher et pas complet. La plupart des chambres de notre couloir présentent une couleur intérieure faite de néons rose. L’ambiance est glauque, les toilettes de l’étage aussi. Je ne vais pas me doucher.

On a failli ne pas descendre du train à la bonne gare lorsque nous arrivons à Athènes. Petite gare, deux voies. La cité est moderne, il n’y a rien d’ancestral (comme à Rome) sauf l’Acropole. La ville est sale et heureusement qu’il a plu, car la pollution est, paraît-il, tombée. Nous sommes montés à pieds sur la colline de Lycabeths où l’on surplombe aisément toute la ville qui, telle une pieuvre, étend ses tentacules à perte de vue. On va au port du Pyrée, juste pour prendre le métro tagué et sale.

On quitte la capitale pour aller au nord à Kalampaka, la ville aux six monastères perchés dans les montagnes. C’est beau. On a marché un peu pour aller les visiter. Ils sont construits en haut des montagnes de molasse sculptées par le vent et dont les moines ne montaient qu’avec l’aide d’une nacelle et d’une poulie. Je dois mettre une jupe (prêtée), et le gars nous offre un loukoum avant qu’on parte.

Nous quittons cette région montagneuse avec presque un peu de regrets. On s’arrête à Larissa le temps d’un café et on repart pour Thessaloniki à travers de magnifiques paysages. Cela fait à peu près six jours que nous ne savons pas ce que veut dire le petit astérisque à côté de la ligne que nous supposons aller à Istanbul. Maintenant on sait, cela veut dire que les Grecs et les Turcs ne s’aiment toujours pas et que y’a pas de train de nuit. Donc, soit on dort à Thessaloniki, le St-Tropez grec, soit on prend un train pour quelque part dans la bonne direction, ce qu’on fait.

Il est 8h30 et nous sommes arrivés à Pythion, poste frontière côté grecs. C’est un petit village situé à une dizaine de minutes à pieds de la gare où il ne se passe rien et où il n'y a que deux ou trois maisons. 12h00 le buffet ferme.12h20 animation de la journée, deux trains se croisent dont l’un avait 1h30 de retard. 14h30 le train pour la Turquie arrive, les contrôles de police commencent. 16h00 les contrôles sont enfin fini, on embarque et le train part. On passe un ruisseau. Deux gardes armés côté grecs, huit côté Turcs. 16h05 contrôle douanier des Turcs. Tout le monde doit descendre sauf nous parce que on est Suisse. 16h30 départ pour Istanbul. Arrivée à 22h00 et 22h15 un hôtel est trouvé. Parfait, on a un tampon dans notre passeport. On trouve un distributeur, histoire qu’on puisse aller manger quelque chose, le montant minimum qu’il est possible de retirer est de 10 millions ! Mais quel est le change ?

A peine sorti de l’hôtel qu’on nous cire déjà littéralement les pompes. On visite le Grand Bazar, une belle architecture, mais beaucoup de touristes. On en sort pour se faufiler dans les ruelles, au hasard, où se mêlent les odeurs d’épices, de tapis, de kebab, de poissons, de fromage, charcuterie, veste pull, parapluie, et j’en passe. Le temps, au port, de trouver le bon ferry, et nous voilà sur le continent asiatique, de l’autre côté du Bosphore, dans la gare d’Haydarpasa. Magnifique. Faudra qu’on prenne une fois un train au départ de cette gare... Au retour, sur le bateau, on assiste à un beau coucher de soleil, en buvant du thé. C’est agréable. On est allé à la Migros turque acheter du raki. On profite de notre deuxième jour pour faire les visites touristiques. On déchante vite malheureusement car tout est terriblement cher. Donc on continue à se promener, et c’est là qu’on a compris que la Turquie, pays majoritairement musulman, avait son “dimanche” le vendredi (donc hier). Les rues sont bondées, on arrive plus à passer, on se bouscule. On a voulu essayer un parcours pédestre de l’autre côté du pont, où d’ailleurs il y a environ 100 pêcheurs de chaque côté. On s’est perdu, parce que le métro ne passe pas sous le fleuve comme on le pensait mais va dans les terres, donc on s’est retrouvé à galatasaray... et il y avait un match. Nous ne sommes pas restés, avons pris le métro dans l’autre sens, retrouvé le vieux tram, ainsi que l’entrée du funiculaire, et nous sommes rentrés, crevés. Le troisième jour on a pris le bateau qui allait de l’autre côté et comme on n'a pas pu boire le thé dessus, on l’a bu une fois arrivé. On a visité le marché aux animaux et leurs cages. On a bu le thé. On a pris le bateau et le thé dessus. On a marché. On a soupé et le thé nous a été offert. On est allé à la gare. On a bu le thé. On est monté dans le train marqué “Bosphore Express” qui va à Sofia et on a bu de la "boilà", mais sans la cannelle (en fait, on a découvert que ça s’appelle "boza", et ça vaut le détour !).

Il est à peu près 4h20 lorsque l’on frappe pour la première fois à la porte de notre compartiment. On nous demande de nous habiller et hop, à la “police office” pour un tampon de sortie de la Turquie dans le passeport. 5h10 on repart. 5h30, arrêt à la frontière bulgare, on peut rester couché et on a même le droit à un sourire et notre tampon d’entrée en Bulgarie. 6h20, on repart, on peut finir notre nuit. A peine descendu du train qu’on nous propose un logement. On va dormir chez la dame, dans un HLM pas très loin. Sofia est une ville avec encore pas mal de reste Stalinien. Pis on a une peine folle à trouver un café. Il n’y a rien à faire. On prend énormément de temps pour notre billet de train (ici tout est en cyrillique) et rare sont les personnes qui parlent une autre langue que le bulgare, russe excepté bien sûr !

Train de nuit pour Bucarest. Les douaniers sont tous des brutes. Ils ne savent que passer quinze fois dans le couloir, demander à chaque fois notre passeport déjà contrôlé par le dernier passage, fouiller les plafonds, parler fort, ... Ensuite c’est au tour du contrôleur qui vient nous parler en roumain, rien compris. On devine plus tard que nous arrivons à Bucarest à 6h00 et non pas à 7h00. D’ailleurs on ne sait pas quelle heure on vit ; sommes nous à GMT+2 (comme depuis la Grèce) ou à GMT+1 (comme l’Europe centrale) ? Et toutes les horloges de la gare indiquent une autre heure ! Et en plus, on se fait foutre dehors de la gare parce que vraisemblablement on n'a pas de titre de transport pour partir. Ras-le-bol, on décide de ne pas rester. On prend un train pour ailleurs, et on se retrouve à Brasov, ville médiéval qui abrite dans sa cathédrale le plus grand orgue de l’Europe. Après le petit déj. visite de l’église Noire, à cause d’un incendie, qui passe pour être la plus grande église gothique entre Istanbul et Vienne. Puis recherche de la plus petite rue du monde, qu’on finit par trouver. Ensuite on décide d’aller admirer la vue en haut d’une petite montagne et de redescendre en télécabine. La vue est sympa, le télécabine est en réparation. Mal aux pieds, on rentre souper.

On part à 8h55 avec un train hongrois jusqu’à Sighishoara, également une ville médiévale, de Transylvanie, nichée dans les collines où naquit Vlad Tepes en 1431 (plus connu sous le nom de conte Draculea). Notre logement, au centre de la citadelle, est exceptionnel. Le silence qui entour la ville nous promet une nuit réparatrice.

Rien de particulier aujourd’hui, sauf qu’il pleut. De toutes façons on avait décidé de passer toute la journée dans le train. De 10h35, au buffet de la gare de Sighishoara jusqu’à 18h05 dans la gare de Budapest. En tout, ça nous fait 7h30 à être assis et à regarder le paysage. Les champs roumains sont de petites parcelles où de temps en temps on aperçoit un cheval ou des fermiers maniant la faux. Les rails hongrois ainsi que leurs trains sont très bons, et agréables. Et avec ça, le soleil se couche à 15h55, et à 16h25 il fait nuit. Quelle misère !

De nuit, Budapest est magnifique. Tout est éclairé, cela met les reflets en valeur sur le Danube. C’est dimanche. Nous n’avons plus de provision et tous les magasins sont fermés. De toute façon, comme depuis le début du voyage, le dimanche, on jeûne. Donc il n’y a également pas grand chose à faire. On visite la ville en transports publics ; un tram par ci, un bus par là, un peu de métro, ... Ce qui nous conduit droit sur le train à crémaillère qui monte sur la petite montagne de Budapest. Là-haut nous découvrons avec bonheur que le café, pourtant touristique, n’est pas très cher, puis nous tombons sur un autre train (celui des enfants) où circule également un train à vapeur. La nuit est déjà bien installée, nous découvrons la vieille ville de Buda (Pest étant de l’autre côté du Danube). Elle est vraiment somptueuse... A faire rêver les fées !

Ce matin on cherché du Tokaj, histoire de ramener un souvenir, avant de prendre le train pour Bratislava, dernière grande étape. Il fait froid et il y a du vent. La ville est magnifique. On fait un petit tour de la citadelle, un autre petit tour de la vieille ville et on va se réchauffer chez Tesco, grand supermarché plein à péter, à croire que c’est le seul de la ville. On prend un tram jusqu’à son terminus, dans la banlieue faite de cubes de béton, même les banlieues françaises peuvent aller se rhabiller !

A 55 km de là, Vienne, où on arrive avec notre train après avoir passé la frontière. On se dépêche de changer de gare, et on saute dans un autre train jusqu’à Linz. On découvre une ville où toutes les décorations de Noël sont posées et avec un marché de Noël. On prend du vin chaud, ça fait du bien. Le lendemain, on prend le Pöstlingbergbahn, le train le plus raid d’Europe sans crémaillère avec une pente d'environ 105/1000. Il a été construit en 1898 et a gardé tout son charme. En haut de la colline, nous nous retrouvons sous une épaisse couche de brouillard, enrobés d’un froid à paralyser les bronches. On redescend et allons attendre notre train de nuit de 23h13. Entre vin chaud, choucroute et saucisse, le temps passe lentement. Dans notre réchaud, on se chauffe un dernier vin chaud dans la salle d’attente sur le quai pour se réchauffer. Puis le train arrive... enfin !

5h50 on frappe à notre porte. 6h00 le petit déj. arrive, il fait toujours nuit. On aperçoit un RER zürichois. Arrivée à 6h30, on change de quai et on s’enfile dans le premier train direction chez nous.

Heureux de notre périple, on rentre, après tant de découvertes, chez nous.